Hommage à bouboul (Etienne Ramboatiana)- Concert de guitare classique malagasy-EGM
Guitariste classique malgache, grande concertiste, élève sortante du conservatoire de musique malagasy EGM , Rota Ramahatanarivo rend hommage aux Grands Guitaristes et spécialement au Grand Etienne Ramboatiana (Bouboul) lors d’un récital en solo. Sous la Direction de Maître AINTSO Ranaivo
Voici un excellent bio réalisé par Madagascar Guitar
RAMBOATIANA ETIENNE (Bouboul)
L’un des meilleurs Guitariste du monde et contemporain des « Virtuoso » de la Guitare classique du Siècle dernier, comme Narciso Yépes, Andrés Segovia….
J’ai collé dans ma publication d’aujourd’hui l’intégralité de l’article d’ Ian Anderson sur Ramboatiana Etienne par Maeva Ramanana-Rahary en traduction libre.
« Mon beau-frère Naina m’avait suggéré qu’une visite chez son ancien professeur de guitare pouvait être utile dans le cadre de mes recherches. Cela s’est révélé être un euphémisme, ce dernier étant une légende parmi les musiciens malgaches : Etienne Ramboatiana, plus connu sous le nom de « Bouboul ». Un homme courtois d’environ 65 ans, captivant et aux yeux pétillants, il est assis, contant avec douceur des anecdotes sur sa vie et une pluie d’informations historiques qui, dans un court laps de temps, pouvaient remplir un livre sur l’histoire de la guitare à Madagascar et des les origines du style des Hauts-Plateaux à Antananarivo.
Bouboul a lui-même commencé à apprendre le violon à l’âge de 8 ans, en ayant son oncle comme professeur. A 12 ans, il débute le piano au sein de l’école de musique à Ambatonakanga, puis à 18 ans, il devint le joueur d’orgue de la cathédrale d’Andohalo. Le salaire que lui donnaient les prêtres était tellement bas qu’il finit par démissioner pour se tourner vers un travail dans un magasin de musique, et c’est ainsi qu’il eut accès aux instruments et acquit de l’expérience dans la trompette (il a joué sur les enregistrements de Miles Davis !) ainsi que dans le saxophone jazz. Il a collaboré avec Odeam Rakoto, qui jouait de la variété dans un club.
« Alors, j’ai acquis de l’expérience dans l’église, quelques trucs folklores et traditionnels de Odeam Rakoto, un peu de jazz, puis j’ai commencé à jouer de la musique pour danser. J’ai également commencé à jouer de la guitare. J’ai vraiment aimé. Cela convenait à mon caractère, alors j’ai demandé conseil à un prêtre. Plus tard, alors que nous jouions du tango avec un accordéon et une guitare pour de la danse dans les clubs, j’ai été le premier à posséder une guitare électrique à Antananarivo, en 1952.C’était une Steamer. Comme je travaillais dans une boutique d’instruments, je l’avais commandés dans un magazine juste par curiosité. J’ai donc commencé à jouer de la guitare électrique avec Naly Rakotofiringa. Tous ces albums de 1958, avec les Ramano Malagasy Boys, le tout premier enregistrement de guitares électriques. »
Un jour, un imprésario américain, qui recherchait des musiciens venant du monde entier pour travailler dans un cirque, l’a remarqué dans un hôtel. « Il nous a proposé, à moi et ma femme, de d’abord travailler à Maputo. Il disait qu’il aimait mon grain et qu’il voulait que je joue à la fois mais aussi que j’arrange la musique pour le cirque. Ma femme fut ouvreuse et vendeuse de tickets. Ce fut un grand débat pour les membres de notre famille, un problème grave. Ils refusaient qu’on parte. C’était une idée beaucoup trop moderne. Mais nous sommes quand même partis. »
« Nous sommes arrivés à Mombasa, puis Maputo. Le cirque était composé majoritairement de Brésiliens, un peu d’Allemand : une nouvelle vie de famille. C’était vraiment intéressant et j’ai vraiment apprécié, mais ce n’était pas une vie normale ! Nous avons été en tournée partout en Afrique et en Inde, de 1958 à 1965. J’ai vu beaucoup de choses et j’ai gagné en expérience. J’ai donc voulu partager tout cela avec les gens. C’est ainsi que j’ai commencé à enseigner la musique.
Comment les styles de la guitare malgache ont-ils évolué ?
« Eh bien, comme nous le savons tous, la guitare est un instrument étranger, mais durant la période de Ranavalona III [la dernière reine de Madagascar, exilée par les Français en 1897], la guitare, l’alto, la flûte traversière et la mandoline sont arrivés ensemble. Le vazaha jouait ces instruments et les gens ne faisaient que regarder. Nous avions réalisé que la guitare n’était qu’un accompagnement pour la mandoline. Alors les Malgaches ont voulu que la guitare soit indépendante. Nous voulions qu’elle chante une chanson, mais ne fasse pas que l’accompagnement. Les Malgaches chantaient beaucoup en harmonie, avec une technique de respiration et beaucoup de mélodies, c’est pourquoi nous voulions que la guitare fasse de même. C’est ainsi que le style de la guitare malgache est né ! »
« Il y avait un esprit de compétition à cause du piano. Le piano a été amené à Madagascar par les missionnaires avant la guitare et sa place était toujours à la Cour royale. Dans La Haute Ville, les gens avaient le piano; les « grands bourgeois » à Ambatovinaky et Faravohitra avaient l’harmonium, le saxophone et l’accordéon et à Ambodin’Isotry [la partie pauvre d’Antananarivo], ils avaient des prodigieux guitaristes, comme Rakotondrainibe. Si vous descendiez encore plus bas, ce que vous trouviez dans les maisons des gens étaient des instruments traditionnels. »
« Quand les gens d’ici ont entendu que le piano faisait un son très aigu, ils mirent le capo. Quand il y avait un son très bas, ils changeaient les cordes graves en les réaccordant en C et G pour obtenir ce qu’on appelle aujourd’hui le style Malagasy. Je changeais ma corde grave en D, car c’était trop à faire pour le changer en C. A Antananarivo, certaines personnes changeaient carrément cette corde par une corde à piano afin d’avoir cette grosse note grave. »
« Comme on utilisait le piano pour des pièces de théâtre, c’est ce qu’on transposait à la guitare. Les théâtres avaient vraiment une influence française et les artistes changeaient même leurs noms en Rakoto de Mon Plaisir, Simon de l’Aurore. C’est pour cela que les guitaristes ont également changé leurs noms en Ramistery [M. Mystérieux], Rakasikety [M. Casquette], Rajebo [M. Zébu] et c’est ainsi que Razilina fut créé. En 1942, ces guitaristes s’en allaient pour faire des sérénades. Ils portaient des casquettes, des habits larges et des écharpes et les filles sortaient. Ils devaient s’arrêter autour de Faravohitra, car s’ils continuaient plus haut, ils auraient été trempés, comme les gens de La Haute jetaient de l’eau sale sur eux. La Haute est un lieu pour le piano. Faravohitra était l’endroit le plus élevé auquel un guitariste pouvait se rendre, après cela, ils devaient redescendre sur Ambodin’Isotry, là d’où ils venaient. »
« En 1858, pendant le second empire, la guitare commençait à devenir populaire à l’étranger et c’était quelque chose d’inédit à Madagascar. Le quadrille est arrivé à Madagascar avec les soldats de Napoléon. Les Malgaches en ont fait un arrangement, dont l’une des choses les plus connues jusqu’à ce jour : l’Afindrafindrao.
« Mais vous voyez, si vous voulez vraiment en apprendre plus sur le style malgache de la guitare, il est apparu grâce à la façon dont les Malgaches jouaient du piano, mais le piano copiait seulement le valiha. Par conséquent, c’est le valiha qui est à l’origine de tout ça, puis le piano, et enfin la guitare. Le piano faisait ces petits triolet et tremolo qui venaient du valiha, alors dès lors que j’enseignais la guitare, tous les étudiants devaient d’abord prendre une leçon de valiha. Mais ce qui est intéressant, c’est de savoir d’où vient ce style. C’est là où nous comprenons que nous venons réellement de l’Orient/Est ! »
« Les choses ont changé vers la Seconde Guerre mondiale. Les Malgaches ont reçu un peu du style des chansons de Charlie Kunz, un Allemand qui s’était réfugié en Angleterre. A cette époque, nous imaginions l’étranger comme quelque chose de très lointain, et que les choses venant de là-bas semblaient venir d’une autre planète car elles prenaient 21 jours pour arriver jusqu’ici. Alors, les guitaristes ont commencé à copier ce style. »
« Puis, Randrianarivelo est arrivé. Il a amené un autre style de guitare. Puis, je suis arrivé. Un jour, vers 1951, Harry Hougassian, un musicien de guitare hawaïenne, et Mounitz (un musicien juif) ont joué ici, à Madagascar. J’ai réellement été emporté par leur façon de jouer. Harry jouait avec une de ces guitares que l’on pose sur ses cuisses et que l’on glisse et Mounitz l’accompagnait. [Hougassian était un célèbre musicien arménien, jouant de la guitare hawaïenne, toujours vivant et gère un restaurant à Paris]. A chaque fois qu’un nouveau guitariste arrivait et apportait un nouveau style, les autres s’en inspiraient juste et créaient encore un nouveau style, et ainsi de suite. D’où le nom de « pilier » pour une nouvelle personne qui apportait un nouveau style. Ajourd’hui, tous mes étudiants apprennent mes techniques, mais plus tard, ils créeront leur propre style. »
« Qu’en est-il des styles de la guitare côtière ? »
« La guitare a commencé ici, à Tana. Dans l’ouest de Madagascar, ils ont copié la Rumba congolaise. Dans le Sud, ils ont copié le style sud-africain, mais ils ont seulement utilisé ces styles comme inspirations. J’ai demandé à Ricky [grand chanteur malgache : voir Froots #5] de faire quelques recherches dans son domaine sur la musique, car ce n’est pas bon de venir à Tana en ne comprenant pas son milieu musical et, en même temps, venir à un endroit où vous ne comprenez pas son milieu musical! J’ai toujours dit à mes étudiants « Si vous ne savez pas où aller, regardez au moins d’où vous venez … »